ALI MAAS AND MICKY MOODY: Black and Chrome (2016)

Cet avis risque de paraître excessif mais cela faisait très longtemps qu’un tel album n’était pas apparu sur le marché. Évidemment, il vient d’Angleterre. Tout est là. Une production soignée, des compositions qui tiennent la route et des musiciens doués. La superbe voix de la chanteuse Ali Maas, aussi à l’aise dans le rock que dans le blues. Les judicieuses interventions de guitare de Micky Moody (qui a eu son heure de gloire avec Whitesnake). Oui, tout est là ! Tout d’abord, le hit en puissance avec « Horse or a Harley » qui s’étire mélodiquement sur un tempo médium avec un très beau break et un splendide solo de slide final. Chose curieuse, le thème musical rappelle celui de « Livin’ it up » de Bill Labounty. Héroïquement, cette chanson rock et romantique devrait cartonner en radio. Ensuite, le blues poisseux représenté par « Same blues, different day » avec une super intro à la slide. Le riff de guitare s’inspire du légendaire « Dust my broom » de Robert Johnson, popularisé par Elmore James. La voix d’Ali Maas colle à merveille et Micky Moody exécute un solo tranchant au bottleneck. On tape du pied sur « Taking me home », un rock chanté par Micky qui en profite pour envoyer un solo bien senti. On plane sur le lent « A change in everything » avec la voix splendide d’Ali et une guitare aérienne chargée d’émotion. Trois autres titres font également forte impression : « Do some time » (un blues poignant avec seulement une guitare slide, un harmonica et la belle voix d’Ali), « Farewell to all sad songs » (une ballade country-rock du plus bel effet) et « Here I stay » (un slow sublime). Les titres restants se défendent également très bien, notamment « Hell bent » (un rock/rhythm’n’blues avec un Micky Moody inspiré). Encore une fois, tout est là ! La musique frappe l’auditeur droit au cœur. Ali Maas chante avec son âme et Micky Moody intervient toujours à propos, sans jamais en faire des tonnes mais en plaçant la note idéale au bon moment. Oui, cela fait longtemps que l’on attendait un disque de cette trempe qui aurait sans doute fait un malheur dans les années 80. Malheureusement, cette époque bénie où l’on savait faire de la bonne musique est révolue. Dans un univers musical actuel, totalement aseptisé et sans saveur, les chances de succès de ce « Black and chrome » semblent bien minces. Pourtant, l’optimisme subsiste car les Britanniques savent reconnaître le talent. On peut donc raisonnablement penser que le Royaume-Uni réservera à nos deux artistes l’accueil qu’ils méritent en leur procurant un nombre conséquent de dates de concerts ainsi qu’un chiffre de ventes correct.
Á quand le reste du monde ? L’espoir fait vivre, paraît-il.
Olivier Aubry